• Matin d'hiver

     par Suzanne Tarrieu

    le 4 mai 2016

     

    Lorsque dans la pénombre de ce matin d’hiver, les portes de la journée s’ouvrent sur un extérieur gris et brumeux, je dois quitter ce lit chaud et confortable pour braver cet univers froid. Je voudrais prolonger cet instant, où le cerveau et le corps sont en total désaccord. Le premier propose la fin du cycle de récupération comme pour tendre la main au second qui résiste comme dans un rêve, pour gagner quelques minutes supplémentaires.

    Le réveil sonne et m’oblige à céder à ce triste chantage. Je dois faire face à cet échec : je me lève ! Après le creux de la vague vient la crête, comme d’habitude, les gestes sont sensiblement les mêmes, je me rends dans la salle de bains, une douche froide pour réveiller les sens, et après, je me dirige vers la cuisine où le café répand son arôme dans toute une partie de la maison.

    Par la fenêtre un rayon de soleil fait briller quelques étincelles de givre sur l’arbuste d’en face, le ciel est habillé de lourds nuages gris, l'air est glacial. D'un pas décidé, je marche jusqu’à la gare située à quelques mètres, dans laquelle tourbillonne une multitude de voyageurs, je contemple le scintillement des toitures ornées de fines pellicules de givre et j'admire le mariage parfait de l’architecture ancienne et moderne. Ma démarche rapide résonne sur le pavé comme une ritournelle saccadée. J’atteins la gare où, d'une longue file de voitures débarquent des passagers venant d’horizons différents. Cette foule chamarrée transforme ce paysage en une aquarelle géante. Des cris, des bruits stridents s’élèvent de cette assistance.

    Une odeur agréable de café chaud, café-crème, chocolat et viennoiseries parfume le hall. Certains commandent un jambon-beurre, une salade à emporter pour le déjeuner, et d’autres des boissons chaudes. J’observe de loin tout ce bruissement …en imaginant cette longue et éreintante journée qui se prépare. En face quelques bus attendent l’arrivée de passagers anxieux, tristes qui préfèrent la route à la voie ferrée, ou des touristes enchantés pour un départ vers d’autres affairements.

    J’avance au milieu de ce gargouillis pour atteindre le quai balayé par le souffle glacial de la brise matinale.

    Le train entre en gare, une foule zigzagante s’engouffre dans les wagons. Chacun s’attribue une place, où livres, ouvrages de tricot, crochets, devoirs à terminer, journaux occupent les voyageurs jusqu’à destination. Le train démarre dans un bruit assourdissant et disparaît dans le sillage des rails de la voie, transportant tous ces êtres d’un jour vers un bureau, un chantier, un commerce, un loisir, ou vers d'autres lieux.


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