• par Suzanne Tarrieu

    le 8 mars 2016

     

    Il m'est arrivé aujourd'hui une étrange aventure.

    Je me promenais sur l'avenue, le long des kiosques des ateliers où, peintres, sculpteurs présentaient leurs œuvres avec des sourires chaleureux.

    Mon regard fut soudain attiré par un surprenant tableau, un paysage avec une forêt qui ne m'était pas inconnue. Les couleurs étaient lumineuses, avec des tons de jaune, vert, ocre, représentant un bouquet gigantesque, dégageant douceur et paix. La forêt illuminait ce tableau et je n'arrivais pas à détacher mes yeux de celui-ci. Mon émotion était profonde, et ma gorge se serrait. Le peintre me fixait, surpris de mon impassibilité, quand tout à coup, je me sentis projetée dans cette forêt et me retrouvai au milieu des arbres, de la verdure où, dans cette ambiance de sous-bois, des oiseaux m'offraient un concert de bienvenue.

    Aucune crainte ne m'effleurait. Cela me paraissait normal ! Je ne me demandais même pas comment j'allais revenir à mon point de départ : puisque j'avais pu entrer dans ce décor, il n'y aurait aucune raison pour que je n'en ressorte pas ! Un léger vent me caressait le visage ; les différents parfums me taquinaient les narines et continuaient leur ascension peu à peu jusqu'à la tête, mais c'était un enivrement relaxant, apaisant. À l'exception du vol des oiseaux et de leurs gazouillis, je pouvais écouter le silence de cet endroit magique et miraculeux. Je décidai de me promener à travers cette forêt, je pourrais peut-être y faire une rencontre agréable. J'avançais à petits pas pour que ce plaisir dure longtemps. Mon regard se glissait dans chaque buisson. Quand non loin de moi, un cerf bondit tel un mirage, je crus à une apparition. Etait-ce une illusion d'optique ou mon imagination ? Dans les herbes fraîches, des lapins sautillaient, tout en cherchant leur nourriture.

    Plus loin dans un sentier j'aperçus des myrtilles qui peignaient de leur couleur bleu violacée un espace bien dessiné. Je m'agenouillai pour me délecter de ces succulents fruits, puis ma gourmandise sembla se calmer et je repris ma promenade. Je me sentais libre, légère, paisible tout en me demandant, jusqu'où mes pieds me guideraient. Longeant ce sentier un petit cours d'eau chantonnait, glissant vers le lointain ses filaments limpides.

    La fatigue commençait à se faire ressentir, mais j'étais décidée à me laisser guider dans ce lieu magique. Mes yeux ne se lassaient pas d'admirer les sous-bois, mes oreilles de s'imprégner de ce silence entrecoupé de temps en temps par le clapotis de l'eau, et le murmure des feuilles au gré du vent.

    Je m'adossai au pied d'un arbre feuillu, qui répandait ombre et fraîcheur, je me mis à méditer sur le phénomène que j'étais en train de vivre. Je sentis d'abord une sorte d'énergie m'envelopper délicatement, et je m'imprégnai profondément de cette sensation. Des images floues s'entrechoquèrent dans ma tête sans vraiment troubler cette quiétude qui me transportait dans les abysses de ce changement.

    Tout à coup, une voix m'interpella sans brusquerie : « Madame, s'il vous plaît, vous pensez y rester combien de temps, dans mon tableau ? Avec votre présence ici je ne pourrai jamais le vendre ! ». C'était sans aucun doute la voix du peintre qui observait la scène depuis mon intrusion. Il était temps pour moi de quitter, non sans regrets, cet endroit qui m'avait procuré tant de bonheur et de joie.

    Lorsque j'ai essayé de repasser de l'autre coté, quelques difficultés apparurent : la température de mon corps chuta brusquement, des sons curieux résonnèrent, j'ouvris les yeux, grande fut ma déception : j'étais allongée dans le canapé, il était quatorze heures ce lundi après midi, je venais de faire une sieste, et toute cette aventure n'était ...qu'un rêve.

     


    2 commentaires
  •  par Suzanne Tarrieu

    le 4 mai 2016

     

    Lorsque dans la pénombre de ce matin d’hiver, les portes de la journée s’ouvrent sur un extérieur gris et brumeux, je dois quitter ce lit chaud et confortable pour braver cet univers froid. Je voudrais prolonger cet instant, où le cerveau et le corps sont en total désaccord. Le premier propose la fin du cycle de récupération comme pour tendre la main au second qui résiste comme dans un rêve, pour gagner quelques minutes supplémentaires.

    Le réveil sonne et m’oblige à céder à ce triste chantage. Je dois faire face à cet échec : je me lève ! Après le creux de la vague vient la crête, comme d’habitude, les gestes sont sensiblement les mêmes, je me rends dans la salle de bains, une douche froide pour réveiller les sens, et après, je me dirige vers la cuisine où le café répand son arôme dans toute une partie de la maison.

    Par la fenêtre un rayon de soleil fait briller quelques étincelles de givre sur l’arbuste d’en face, le ciel est habillé de lourds nuages gris, l'air est glacial. D'un pas décidé, je marche jusqu’à la gare située à quelques mètres, dans laquelle tourbillonne une multitude de voyageurs, je contemple le scintillement des toitures ornées de fines pellicules de givre et j'admire le mariage parfait de l’architecture ancienne et moderne. Ma démarche rapide résonne sur le pavé comme une ritournelle saccadée. J’atteins la gare où, d'une longue file de voitures débarquent des passagers venant d’horizons différents. Cette foule chamarrée transforme ce paysage en une aquarelle géante. Des cris, des bruits stridents s’élèvent de cette assistance.

    Une odeur agréable de café chaud, café-crème, chocolat et viennoiseries parfume le hall. Certains commandent un jambon-beurre, une salade à emporter pour le déjeuner, et d’autres des boissons chaudes. J’observe de loin tout ce bruissement …en imaginant cette longue et éreintante journée qui se prépare. En face quelques bus attendent l’arrivée de passagers anxieux, tristes qui préfèrent la route à la voie ferrée, ou des touristes enchantés pour un départ vers d’autres affairements.

    J’avance au milieu de ce gargouillis pour atteindre le quai balayé par le souffle glacial de la brise matinale.

    Le train entre en gare, une foule zigzagante s’engouffre dans les wagons. Chacun s’attribue une place, où livres, ouvrages de tricot, crochets, devoirs à terminer, journaux occupent les voyageurs jusqu’à destination. Le train démarre dans un bruit assourdissant et disparaît dans le sillage des rails de la voie, transportant tous ces êtres d’un jour vers un bureau, un chantier, un commerce, un loisir, ou vers d'autres lieux.


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